Fermons les yeux et imaginons.
Nous sommes à la fin des années 50 et Dassault finalise son dernier né, le Mirage IIIA. Mais celui-ci manque cruellement de puissance et de manœuvrabilité. Il faut revoir le concept et c’est donc un retour à la planche à dessin.
La Snecma ne possédant pas de réacteur plus puissant, elle propose alors au constructeur son petit dernier, l’Atar 88, dont elle vient de finaliser la mise au point. Plus Petit, moins gourmand,  plus fiable, il est possible d’en monter deux sur la cellule et d’obtenir ainsi la puissance nécessaire tout comme  une sécurité en combat accrue. Le fuselage est redessiné pour tenir compte de ce changement et des plans canard sont installés pour améliorer sa maniabilité.
Les premiers essais montrent les bienfaits de cette refonte et commande est passée.
Le premier escadron à en être équipé sera le célèbre EC 1/2 « CIGOGNES », basé à Dijon et c’est  à cette occasion que l’avion sera rebaptisé Rafale IIIC.



Ce moment de rêverie passé, il est temps de rentrer dans le vif du sujet.
Tout d’abord, faisons un état des lieux des différentes modifications à apporter pour mettre ce jet de quatrième génération au standard des années 60.

1. Le cockpit sera entièrement revu, y compris le siège.
2. La cellule et les ailes seront modifiées.
3. Le train avant sera totalement refait.
4. Les charges externes changées.

Pour une fois la documentation restera au placard. Seule la maquette du Mirage IIIC d’Eduard me servira de guide dans cette aventure.


Montage

La première étape consiste donc à «downgrader » ce cockpit pour le rendre moins sobre, moins propre bref, moins moderne. J’ai donc sorti la carte plastique, la feuille de plomb et un peu de photodécoupe pour lui donner un look un peu plus sixty. 
Le cockpit tel qu'il se présente dans la boite:




La bâche sur l’avant de la casquette est faite en feuille plomb:
 

2 vieilles réf. Reheat Model, hélas quasiment introuvables maintenant, ont été utilisées pour le TdB. 
 
Au final, on est plus dans le ton des années 60:
 
Il a ensuite été peint avec un mélange de noir et de marron suivi d’un léger drybrush Jaune de Naples qui a permis de faire ressortir les détails et de pouvoir être plus à l'aise pour la suite de la peinture.

Du beige, extrêmement dilué et pulvérisé à très basse pression (~ 0.3 bar), a servi à éclairer l’ensemble alors que les creux ont été marqués avec un jus noir de façon à accentuer les contrastes. Quelques éraillures, faites avec un morceau de mousse, ont finalisé le travail. 
Dans le cas de cockpit sombre, comme ici, il ne faut pas hésiter à contraster les couleurs si on veut que quelque chose reste visible une fois en place.




Le siège a été retravaillé en prenant comme base celui de la boite. Il a retrouvé les typiques poignées d’éjection et son « brelâge » d’antan.  Il est fait en feuille de plomb, les boucles provenant, une fois de plus, de chez Reheat.



La « caisse » est peinte avec un mélange de noir et de beige, de façon à avoir un noir différent de celui du cockpit. Le coussin et les sangles sont patinés à l’huile sur une base acrylique.
 



L’intérieur fait, je me suis occupé de l’apparence extérieure.
La grande verrière a été découpée en deux au niveau de l’arceau central.
 
La scie RB est vraiment idéale pour ce genre de découpe. De la bande Dymo est utilisée pour servir de guide. Elle protège aussi le plastique transparent en cas de dérapage intempestif.





L'emplacement des capteurs frontaux a été mastiqué et les protubérances au sommet de la dérive enlevées à grands coups de fraise. Le vide laissé par l'ablation des antennes a été comblé avec du profilé plastique. J'ai rajouté la tringle du «battoir» ainsi que le cône du parachute, usiné dans un morceau de grappe.


Deux petits feux sont positionnés au sommet de la dérive. Pour les réaliser, j'ai utilisé du Siligum.

J'ai réalisé une empreinte dans laquelle j'ai embouti un morceau de grappe transparente chauffée au préalable.

La forme ainsi obtenue est découpée à la scie et collée en place.  

Les puits de train sont juste mis en peinture. Il ne reste rien de visible une fois en place, il est donc inutile de s’exciter dessus.  
 



La baignoire est mise en place et les deux demi-coquilles sont assemblées sans aucune difficulté.

Tout comme le pare-brise qui, avant d'être collé, ira prendre un petit bain de Klir. 


Je vais, maintenant,  lui donner un petit "coup de vieux ". 
Tout ce qui ne doit pas être modifié est protégé. Ensuite, le méplat qui représente la vitre frontale est réalisé à l’aide de papier de verre collé sur une cale adéquate.La transparence a été retrouvée au polissoir à ongle et la brillance au Mirror.





Les montants sont en scotch alu. Ils ont été rivetés une fois en place.

Même si toutes ces modifications commençaient à donner à la maquette un air un peu plus rétro, il lui manquait encore certains détails typiques de cette époque là. J’ai donc rajouté une perche chaffois faite à partir d’une aiguille mise en forme avec une lime « demi-rond »

Des souris dans les entrées d’air, Qui malgré leur apparente simplicité, les souris d’entrée d’air m’ont posées beaucoup de problème et j’ai du m’y reprendre à trois fois pour arriver à trouver une forme qui convenait à la silhouette du Rafale. Tout d'abord confectionnées dans des tronçons de bombes de F-15 au 1/32: pas convaincant. 



Deuxième essai: trop fin.

La troisième fut la bonne. Finalement mis en forme dans une baguette ronde en bois.
  
Le carénage enveloppant les tuyères est fait en carte plastique de 0.13mm d’épaisseur. Il a d’abord été découpé à la forme avant d’être mis en place. Le collage est renforcé, par l'intérieurpar l’ajout de petites cales.


Et pour compléter l’ensemble, un SEPR (propulseur fusée) placé à l’intrados. Il servait à améliorer les performances à haute altitude. La fusée utilisait 160L de kérosène et 300L d'acide nitrique. Il est fait lui aussi de morceaux de bidons et de bombes, divers et variés. La tuyère ne devrait pas dépasser autant mais j’ai trouvé que cela avait plus de charme comme ça.




Enfin, et pour en terminer avec le fuselage, les plans canards sont mis en place. Les volets, qui seront abaissés au maximum, ne seront collés qu’après peinture. Le karman a été refait en scotch d’alu. 

Un pylône central sur lequel viendra se greffer le missile est aussi rajouté.



Le travail sur les ailes a été beaucoup plus rapide puisque je me suis contenté d’enlever les rails en bout d’ailes et de les remplacer par des saumons classiques, de baisser les volets (un coup de cutter dans la gravure et on plie. Simple et efficace !), de mastiquer la gravure des becs de bords d’attaque et de réaliser les encoches dans ces derniers. Enfin, les pylônes ont été déplacés pour les éloigner du fuselage. 


Si jusqu’à présent tout s’est bien passé du coté des ajustements, il en fût tout autrement lorsque j’ai assemblé les ailes au fuselage puisque je me suis retrouvé avec un joint pour le moins conséquent du coté de l’extrados. J’ai donc comblé à la carte plastique et fignolé au Surfacer 500. J’en ai profité pour réduire le dièdre négatif pour rendre l’ensemble plus agréable à l’œil. 



Ici aussi, les karmans sont en scotch alu.



Le train principal n’a pas été modifié, ce que nous propose Revell est tout à fait convaincant. Seules les durites ont été rajoutées. Par contre, celui du nez prévu pour un avion embarqué ne convenait pas du tout pour ce projet et j’ai donc du me résoudre à le refaire intégralement à l’aide de profilés Evergreen et de micro-tubes en copiant tout simplement celui du Mirage III.

Il ne restait plus qu’à passer la totalité de la maquette à la paille de fer d’ébénisterie (triple zéro) pour favoriser l’accroche et je pouvais passer à la peinture.
Cette étape étant essentiellement visuelle, j’ai pensé qu’une explication en images de la technique serait plus intéressante que de longs palabres.
Je ne vous présenterai donc, ici,  que les ingrédients utilisés et la façon de les mettre en œuvre.
Pour la base, il nous faut différentes tonalités de peinture métallique : du Silver, de l’Alu Mat et de l’Acier (je les ai choisies dans la gamme Prince August), du diluant Mister Hobby Thinner 110 ou équivalent pour les diluer à environ 60%,  d’une buse de 0.3mm et d’un compresseur dont le manomètre sera réglé à 1 bar.
Pour le travail un peu plus « subtil », j’utilise de la Gunze diluée à environ 90% avec de l’alcool à 70°. La buse est plus petite (0.2mm) et étant donné la forte dilution, la pression est abaissée à environ 0.4 bar. Je travaille très proche de la surface ce qui permet de gagner en précision. Le mouvement sera lent pour marquer le trait ou rapide pour le suggérer, comme dans le cas des zébrures.


Après le passage d’un apprêt gris clair, la couleur de base Silver est pulvérisée sur l’ensemble de la maquette. Ça peut paraitre clinquant mais ce qui va suivre va passablement ternir cette brillance.



Pour le différencier du reste de la cellule, le SEPR est peint dans une tonalité différente (mélange de Beige et Silver). La dilution est augmentée pour ne pas empâter et la pression est abaissée (~ 0.6 bar). 
 
Le croupion est légèrement roussi. Un premier voile de mélange Steel/Marron est passé puis du Noir est rajouté au mélange pour réaliser les « zébrures », en insistant plus particulièrement sur la zone la plus proche des tuyères.

Pour casser la monotonie, de l’Aluminium Mat est passé sur les ailes. Le nez jusqu’au pare-brise,  les canards, les karmans et les bords d’attaque sont repris au Steel pur. 

Les zébrures sont faites en rajoutant du Noir Otan au Steel.

L’extrados sera traité de la même façon que précédemment. La zone brunie est cependant moins marquée et plus orangée.  Les parements rouges et le drapeau de dérive sont ensuite peints. Ces couleurs viennent réchauffer agréablement cet univers alu. 

Le Rouge de base, trop foncé, est légèrement  éclairci avec du Jaune.

Idem pour celui du drapeau de dérive. Le bleu de chez LifeColor, quant à lui, est éclairci avec du blanc.

Les décals sont un mix de plusieurs planches provenant de la boite à rabiot :

1. Planche WM n°7 pour la Cigogne et les codes.
2 .Planche Revell  et planche Mirage 2000C Eduard pour quelques stencils.
3 .Planches Mirage IIIC Eduard pour tout le reste.


Les marquages spécifiques au Rafale, inscriptions sur le nez et la dérive, ont été imprimés (imprimante laser) sur une feuille de décal vierge de la marque Model Art Decals System.

Concernant les cigognes portées sur la dérive, les avions du EC 1/2 ont depuis la fin de la guerre toujours porté les insignes en dissymétrique, la cigogne dite de Guynemer (SPA 3) étant à gauche et celle dite de Fonck (SPA 103) à droite.
 

On protège le tout avec du vernis brillant et on laisse tranquille 48h avant de faire les jus.   
Le premier, Gris de Payne, est passé sur l’ensemble de la maquette sauf sur le croupion et les lignes de rivets.



Le deuxième, Brun Van Dyck ou Terre d'ombre, est diffusé dans les lignes de structures du croupion. Il sera un peu plus épais que le précédent pour donner un aspect gras à cette zone.  







Le troisième, Noir de Bougie, vient donner de la profondeur à la jonction des parties fixes/mobiles.


Enfin, du Bitume vient marquer les lignes de rivets.  Ces quatre étapes ont été reproduites à l’identique dessous. On laisse sécher deux heures puis on essuie dans le sens du vent relatif avec un chiffon doux imbibé d'Essence F.



48h après, une couche de vernis mat a été passée sur la maquette. Elle servira d’accroche pour la patine. 



Tout d’abord, les lignes de structure du croupion ont été reprises avec un mélange de Marron et Noir.



Du Noir est ensuite ajouté au mélange précédent et les creux sont «ombrés».


Pour atténuer le contraste trop violent entre le précédent mélange et l'alu, de la couleur Terre Foncée est appliquée aux emplantures et sur les marquages. 


Enfin, les jonctions des parties mobiles / fixes sont soulignées avec du Noir pur, en laissant au passage quelques traces dans le sens du vent relatif.


Un drybrush Silver est passée sur les saillants (bords d'attaque, de fuite, etc…). Avec la même peinture et le même pinceau, l’alu est «piqué». Ici, on ne frotte pas, on tapote doucement la surface en tenant le pinceau bien verticalement. 

Toujours en drybrush sur les zones peintes en rouge mais avec du jaune cette fois.


Un petit tour dessous pour faire quelques coulures.  Pour cela, on prépare un jus Dark Rust bien gras qui est déposé dans la gravure puis on passe le pinceau éventail, légèrement imbibé de térébenthine, dans le sens du vent relatif.



Du scotch alu est à nouveau utilisé pour refaire les pétales des tuyères.
La couleur de base de l'intérieur est du Noir. 

Le fond la tuyère est drybrushée en Chrome alors que le bord des pétales est mis en valeurs avec du Métal Fusil. Puis, un jus Noir + Marron est diffusé dans la gravure.






Pour l'extérieur, la base est du Métal.

Un jus Noir + Marron est passé dans la gravure suivi d'un filtre Tan qui va permettre de lier l'ensemble.
 
Les roues ont d’abord été peintes en Noir de Pneu, y compris les jantes. Puis, ces dernières ont été drybrushée en alu. Les pneus sont éclairés au Gris suivi d’un empoussiérage léger au Deck Tan.



Le missile est celui fourni par Hasegawa dans la boite du F-8(FN) Crusader. Les bidons supersoniques sont ceux du Mirage IIIC de chez Eduard.




Conclusion

Cette idée de « retour en arrière », qui me trottait dans la tête depuis des lustres mais que je repoussais sans cesse par manque de temps, peut paraitre curieuse voire saugrenue. J’ai pourtant pris un plaisir énorme avec ce projet, loin des contraintes habituelles de « l’historiquement vrai », où la seule limite est finalement l’imagination.



Rafale Revell 1/48